Par la rédaction de FTC Magazine, le média 100% poterie qui surprend.
Imagine : un tour de potier dans une camionnette vintage, un four au gaz qui crépite au bord d’un fjord norvégien, des bols qui sèchent au soleil andalou pendant que tu sirotes un café turc en discutant de glaçures avec un berger local.
Fantasme de céramiste en burnout ou lifestyle de rêve ? Et surtout… est-ce techniquement faisable ? Bienvenue dans l’univers décalé (mais pas si fou) de la poterie nomade.
La poterie en vadrouille : doux délire ou vrai projet de vie ?

À première vue, faire de la poterie, ça semble ancré, au sens propre. On imagine un atelier bien calé dans une vieille grange, avec ses murs tachés de barbotine et un four branché en triphasé. Mais quelques irréductibles potiers et potières, eux, ont décidé de rouler leur bosse… et leur tour.
Prenez par exemple Luna, la céramiste antiboise : en avril dernier, elle a embarqué sur un voilier de 15 mètres avec son tour, son four et sa famille. Objectif : travailler la terre en mer, et rencontrer des artisans du monde entier. Oui, c’est un peu comme si Bernard Moitessier avait décidé de faire des mugs.
Autre exemple ? L’atelier nomade “Rêves de Terre” sillonne les routes de France dans un camion aménagé pour proposer des stages, des ateliers en plein air, et une ambiance ultra chill. Au programme : partage, technique, liberté créative et petites galères logistiques (évidemment, on en parle plus bas).
Et sur Reddit, on tombe même sur des vanlifers américains qui transforment un camper en mini studio de céramique mobile. Spoiler : ça tient… avec quelques aménagements malins et beaucoup de passion.
Mais techniquement, est-ce que ça roule vraiment ?
Faire de la poterie dans un atelier fixe, c’est déjà un sacré sport. Alors dans une camionnette, un bateau ou au milieu d’un champ ? Parlons peu, parlons technique.
🎛 Le tour de potier
Bonne nouvelle : il existe des tours portables, certains fonctionnant sur batterie, d’autres manuels. Le modèle à pédale ou kick wheel a même l’avantage de ne pas dépendre d’électricité. Il est un peu old school, mais tellement stylé en pleine nature.
🔥 Le four
C’est le point chaud (haha). Les fours électriques demandent beaucoup de puissance, donc il faut :
- soit rester souvent branché (sur des aires de camping, des gîtes, des ateliers amis),
- soit opter pour un four à gaz ou à bois, plus rustique, mais plus libre.
Un four raku portable, par exemple, est compact, efficace et permet des cuissons spectaculaires en plein air. Attention quand même à bien gérer la sécurité et la réglementation locale.
💧 L’eau, la terre, le stockage
- L’eau : indispensable, mais pas besoin de 100 litres. Une réserve de 20L + quelques bidons font l’affaire.
- La terre : on peut stocker des pains d’argile dans des caisses étanches. Certains potiers locaux partent même à la recherche d’argile naturelle sur place, pour des créations 100% terroir.
- Le stockage : dans un petit espace, chaque pièce compte. Les créations doivent sécher sans se casser. Il faut donc penser étagères amovibles, coussins, cales, et éviter les routes trop chaotiques (on t’a vu, le chemin de cailloux vers le lac alpin).
Vivre (et créer) autrement
Au-delà de l’aspect technique, la poterie nomade touche quelque chose de plus grand : le courage de vivre différemment.
Ces artistes qui choisissent la route plutôt que la routine réinventent leur rapport à la création. Ils vont à la rencontre des gens, des terres, des cultures. Ils transmettent la passion au détour d’un village, sous un arbre, sur une plage. Ils vivent moins connecté·es au 220 volts, plus connecté·es aux autres.
Et surtout, ils rappellent une chose essentielle : faire de la poterie, ce n’est pas forcément s’enfermer dans un atelier pendant 30 ans. C’est aussi savoir sortir du cadre, mettre les mains dans la terre ailleurs, autrement, avec une bonne dose de système D et beaucoup de foi dans le processus.
Et dans la tête, il se passe quoi ? (Spoiler : beaucoup de choses)
On ne plaque pas un CDI, une mutuelle, et des tickets resto juste pour le plaisir de transporter un four dans un camion. Derrière le virage de la poterie nomade, il y a souvent un séisme intérieur.
🎢 Le grand 8 émotionnel
Ce type de changement radical vient souvent après une accumulation de petites frustrations, un sentiment de déconnexion, ou parfois, un burnout bien carabiné. Certains cadres, ingénieur·es, profs ou architectes se retrouvent à se dire, un jour, dans le métro ou entre deux visios :
« Et si je partais tourner des bols au pied des volcans ? »
Et là, tout s’active. La peur. L’excitation. Le doute. Le rêve. Et puis la fameuse question : “Est-ce que je suis en train de tout foutre en l’air ou de commencer enfin à vivre ?”
🧩 Un besoin de sens (oui, ce mot galvaudé mais crucial)
Ceux qui font le choix de la poterie itinérante racontent souvent la même chose :
“Je voulais créer avec mes mains, me reconnecter au réel, reprendre le contrôle sur mon temps.”
Ce n’est pas une fuite. C’est une recherche. De cohérence. D’autonomie. De simplicité choisie. Et la poterie, avec son rythme lent, son ancrage terrestre, son imperfection assumée, devient un catalyseur puissant de cette transformation.
🚀 Du statut social à l’identité profonde
Changer de vie, c’est aussi changer de costume. On passe de “chef de projet digital senior” à “personne un peu couverte de barbotine qui fait des bols sur une table de camping dans les Cévennes”.
Et bizarrement ? Ça fait un bien fou.
Ce dépouillement du statut, cette acceptation d’être parfois à contre-courant, c’est un travail mental costaud. Mais libérateur.
🔄 Ce n’est pas une fin, c’est un début
Le changement de vie vers une poterie itinérante n’est pas une fuite hippie sous acide. C’est une décision lucide, lente et parfois douloureuse, mais fondamentalement joyeuse.
Et surtout : c’est possible. Il n’y a pas un chemin tout tracé. Juste une envie de façonner, chaque jour, sa propre manière de vivre la terre.
Alors, prêt·e à tourner la terre sur les routes ?
Oui, c’est un peu fou. Oui, c’est un sacré défi. Mais si on vous disait qu’on peut vivre en van, élever des chèvres ET cuire des bols en raku au bord d’un lac… pourquoi pas vous ?
La poterie nomade, c’est le rêve d’un art libre, d’une vie pleine de rencontres, de poussière d’argile et de paysages envoûtants. Et avec les bons outils, un peu de courage, et beaucoup de passion… c’est carrément faisable.
👉 FTC Magazine continue d’explorer les recoins inattendus du monde céramique. Si tu connais un ou une potier·e itinérant·e, un projet dingue ou un atelier mobile qui déchire, écris-nous : on veut raconter ces histoires-là.
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