Tournage poterie : le guide complet pour bien débuter

Le tournage en poterie est une activité aussi méditative qu’exigeante, où la terre, les mains et la machine s’harmonisent pour créer des objets utilitaires ou décoratifs. Que vous soyez totalement novice ou simplement curieux, ce guide est fait pour vous !

Qu’est-ce que le tournage en poterie ?

Le tournage en poterie est une technique de façonnage de l’argile qui utilise un outil rotatif appelé tour de potier. En plaçant une boule de terre au centre de ce tour, le potier la façonne grâce à la rotation continue. On obtient alors des formes symétriques comme des bols, des tasses, des vases ou encore des assiettes.

C’est une méthode ancestrale, utilisée depuis des millénaires, qui allie savoir-faire, patience et sens du toucher.

Comment s’appelle « le truc qui tourne » en poterie ?

Le disque rotatif sur lequel on pose la boule de terre s’appelle la girelle. C’est elle qui tourne pendant le façonnage. Elle peut être en métal, en plastique ou en bois selon les modèles et les usages. Elle peut accueillir un rondeau, un disque amovible pratique pour retirer la pièce sans la déformer.

Les caractéristiques d’un tour de potier

On peut identifier 9 éléments clés d’un tour de potier :

  1. Girelle : surface circulaire tournante.
  2. Puissance (W) : exprimée en watts, elle influence la capacité du tour à tourner sous la pression de vos mains.
  3. Vitesse : généralement réglable via une pédale, entre 0 et 300 tours/minute.
  4. Bruit : important si vous tournez chez vous ; préférez un moteur silencieux.
  5. Poids : un tour plus lourd sera plus stable.
  6. Hauteur : essentielle pour le confort, surtout en usage prolongé.
  7. Pédale : elle permet de contrôler la vitesse en temps réel, comme un accélérateur.
  8. Espace de travail : les modèles avec table intégrée sont plus pratiques.
  9. Sens de rotation (si tu es gaucher ou droitier)

Les gestes techniques essentiels en tournage poterie

Maîtriser le tournage en poterie, ce n’est pas simplement faire tourner de l’argile sur un tour : c’est un enchaînement de gestes précis et presque chorégraphiés. Le premier, et probablement le plus crucial, est le centrage de la terre. Il s’agit de positionner l’argile parfaitement au centre du tour pour éviter que la pièce ne devienne bancale. Ce centrage, souvent redouté des débutants, est la clé de la stabilité des formes à venir.

Une fois la terre centrée, le potier effectue l’ouverture, en creusant l’argile avec ses pouces pour former une cavité. Vient ensuite la montée de la forme, où les mains, en pinçant doucement la paroi, font naître une colonne qui peut être ensuite modelée en bol, gobelet ou cylindre. Chaque geste compte : la pression des doigts, la vitesse du tour, l’humidité de la terre… Un simple écart peut faire chavirer la forme.

Le tournage s’achève souvent par un tournassage, une étape fine qui consiste à affiner le pied de la pièce une fois qu’elle a légèrement séché (à consistance cuir). Ce geste finalise la silhouette de la pièce et lui donne une assise élégante.

Les différents types de tours de potier : choisir le bon outil

Pour pratiquer le tournage poterie, le choix du tour de potier est essentiel. Il en existe plusieurs types, chacun ayant ses spécificités techniques, son confort d’utilisation, et son lien à la tradition.

Tour électrique

Le tour électrique est aujourd’hui le plus répandu, notamment dans les ateliers contemporains. Facile à prendre en main, il permet de réguler précisément la vitesse de rotation, ce qui facilite l’apprentissage et le travail sur des pièces de taille variée. Il est particulièrement adapté aux débutants et à ceux qui cherchent la régularité.

Tour manuel

À l’opposé, le tour manuel, ou tour à pied, demande un peu plus de maîtrise. Il fonctionne sans électricité, en actionnant un volant d’inertie avec le pied. Ce type de tour, très apprécié dans les pratiques traditionnelles (notamment au Japon ou en Afrique du Nord), offre une grande liberté de rythme et une approche plus physique, presque méditative du tournage.

Tour portatif

Enfin, pour les plus curieux ou les nomades de la céramique, certains modèles de tours portatifs ou compacts existent, parfaits pour pratiquer chez soi, sur une table, sans investir immédiatement dans un matériel encombrant.

Comment bien gérer la quantité d’eau pendant le tournage ?

L’eau est essentielle pour garder la terre souple et maniable, mais attention à ne pas trop en utiliser !

  • Trop d’eau = terre qui s’affaisse.
  • Pas assez = risque de fissures ou que la pièce parte en morceaux.

💡 Astuce : utilisez une éponge pour doser l’eau et gardez vos mains humides sans noyer la pièce.

Girelle ou rondeau : quel support choisir ?

  • Girelle seule : pour les pièces que vous tournerez et détacherez à la main.
  • Rondeau (pour les grosses pièces comme les assiettes ou les vases hauts) : idéal pour retirer une pièce sans l’abîmer. On le fixe sur la girelle avec une galette de terre, une peau de chamois humide ou un système d’accroche.

Les débutants apprécieront le rondeau pour sécuriser leurs premières pièces.

La consistance de la terre selon l’étape de tournage

Voici les différentes étapes de séchage et leur impact sur le tournage :

  1. Barbotine : terre très liquide, utilisée comme colle.
  2. Pâte plastique : terre fraîche prête à être tournée.
  3. Pièce tournée fraîche : encore très souple.
  4. Consistance « cuir » : idéale pour tournasser, coller anses ou pieds.
  5. Pièce sèche à cœur : prête pour la première cuisson (biscuit / dégourdi).

La bonne consistance dépend de ce que vous souhaitez faire (tournage, tournassage, assemblage).

Comment débuter le tournage poterie chez soi ?

De plus en plus de passionnés souhaitent faire du tournage poterie à la maison. C’est tout à fait possible, à condition de s’équiper correctement et d’être patient. Il existe aujourd’hui des tours compacts et silencieux, parfaits pour les petits espaces. On trouve également des argiles prêtes à l’emploi, livrées humidifiées, et des accessoires de base accessibles (fils à couper, mirettes, ébauchoirs…).

Pour débuter, il est conseillé de suivre quelques cours en atelier afin d’apprendre les gestes de base dans de bonnes conditions, ou de se former via des tutoriels vidéo et des livres spécialisés. L’idéal : créer un petit coin atelier chez soi, avec une bâche au sol, un tour adapté, et une bonne ventilation pour les étapes de séchage et d’émaillage.

Comment choisir son premier tour de potier ?

Voici quelques critères pour bien débuter :

  • Modèle compact si vous êtes en appartement.
  • Tour électrique avec pédale : plus simple à maîtriser que le tour à pied.
  • Puissance ≥ 250 W pour tourner jusqu’à 5-10 kg de terre.
  • Girelle amovible ou rondeaux pour faciliter le travail.

💡 Privilégiez les marques reconnues comme Shimpo, RK3E, Potclays, ou des modèles vendus dans les écoles de céramique.

Réglage du tour de potier et position du siège : un confort fondamental

Le réglage du tour de potier et du siège est souvent sous-estimé, pourtant il joue un rôle crucial dans la qualité du geste et la prévention des douleurs. Un tour mal positionné peut entraîner des tensions dans le dos, les épaules ou les poignets, rendant le tournage difficile voire douloureux à la longue.

Il est important que le tour soit à la bonne hauteur, de manière à ce que les avant-bras soient parallèles au sol lorsque les mains reposent sur la pièce. Le siège, lui, doit permettre une assise stable et confortable, sans forcer sur les genoux ou la colonne vertébrale. Un tabouret réglable en hauteur est idéal pour ajuster précisément sa posture selon la taille du potier ou la hauteur du tour.

L’assise doit aussi permettre de rapprocher le bassin du tour, pour éviter de se pencher excessivement en avant. Un bon ancrage des pieds au sol, un dos droit, et des épaules relâchées : c’est la posture idéale pour tourner efficacement… et durablement !

Les étapes du tournage en poterie

  1. Préparer la terre (pétrissage ou battage).
  2. Centrer la terre sur la girelle (le plus difficile !).
  3. Creuser et monter les parois.
  4. Façonner la forme souhaitée (bol, cylindre, assiette…).
  5. Affiner les détails.
  6. Tournasser la pièce à consistance cuir.
  7. Séchage.
  8. Première cuisson (biscuit).
  9. Émaillage, puis deuxième cuisson.

Quelle argile pour le tournage poterie ?

Toutes les terres ne conviennent pas au tournage. Le potier doit choisir une argile spécifique au tournage, qui combine souplesse, plasticité et tenue à la montée. Parmi les plus courantes, la faïence (terre basse température, idéale pour débuter), le grès (plus robuste, cuit à haute température), ou encore la porcelaine (plus capricieuse mais d’une finesse incomparable).

Certaines terres contiennent de la chamotte, une poudre d’argile cuite et broyée, qui améliore la résistance de la pâte. Les terres chamottées sont souvent utilisées pour les grandes pièces ou les formes complexes, mais peuvent être plus abrasives à tourner.

Le choix de la terre dépendra donc du projet, de la taille de la pièce, du type de cuisson envisagée, mais aussi du ressenti au toucher : chaque potier développe ses préférences.

Idées de poterie à réaliser pour débutant

Voici quelques idées simples et formatrices :

  • Bols (apprendre à monter les parois).
  • Tasses sans anse.
  • Gobelets.
  • Petits vases.
  • Assiettes creuses (technique du centrage large).

Les erreurs classiques à éviter

  • Trop d’eau : affaissement de la pièce.
  • Mal centrer sa terre : asymétries frustrantes.
  • Mauvais réglage de sa vitesse de tournage
  • Forcer la montée des parois trop vite.
  • Négliger le tournassage.
  • Ne pas assez attendre le séchage avant cuisson : fissures ou explosions !

Réglages du tour de potier et du siège : les bonnes postures à adopter

Le confort d’installation est fondamental en poterie. Un bon réglage du tour de potier et de votre siège vous évitera douleurs lombaires, tensions musculaires et fatigue inutile. Voici les réglages essentiels à connaître.

1. La hauteur du tour : les bras au bon niveau

  • Objectif : avoir les coudes légèrement au-dessus de la girelle lorsque vos bras sont relâchés.
  • Si la girelle est trop haute, vous forcerez sur les épaules.
  • Si elle est trop basse, vous vous courberez, causant mal de dos ou fatigue cervicale.

💡 Astuce : Si votre tour n’est pas réglable, adaptez la hauteur du siège (ou mettez le tour sur une surélévation stable).

2. La hauteur du siège : l’angle idéal

  • L’angle genoux/hanches doit être supérieur à 90° (cuisses légèrement descendantes).
  • Les pieds à plat au sol ou bien calés sur des repose-pieds.
  • Le dos droit mais non rigide : l’idéal est une légère inclinaison vers l’avant, en appui sur le bassin.

💺 Le bon siège :

  • Stable, sans roulettes.
  • Avec ou sans dossier (préférence pour un siège sans dossier rembourré, type tabouret).
  • Hauteur réglable (tabouret hydraulique ou avec tabouret médical de douche).

3. L’alignement du corps : éviter les torsions

  • Positionnez-vous en face du centre de la girelle, jamais de biais.
  • Les genoux bien ancrés autour du tour pour plus de stabilité.
  • Gardez vos coudes proches du corps : ils servent de point d’appui pendant le façonnage.

4. Réglage de la pédale de vitesse

  • La pédale doit être à une distance confortable pour que votre jambe reste détendue.
  • Elle ne doit pas forcer sur la cheville ni nécessiter un angle trop fermé.
  • Vous pouvez caler votre pied sur un support pour soulager la jambe si vous tournez longtemps.

5. Adapter l’environnement

  • Prévoyez un seau d’eau et une éponge à portée de main.
  • Ayez un chiffon, un outil de tournassage et un plateau à proximité.
  • Une bonne lumière latérale aide à voir les formes et les imperfections pendant le tournage.
  • Le petit plus : poser un miroir en face de soi pour mieux voir les formes lors du tournage et du tournassage ( évite les contorsions du corps en même temps )

les symptômes d’un mauvais réglage

Si vous ressentez :

  • Des douleurs lombaires après 30 minutes → tour ou siège trop bas.
  • Des tensions dans les épaules → bras trop levés.
  • Des fourmillements dans les jambes → angle trop fermé ou pied mal posé.
  • Des maux de cou → regard trop penché vers le bas.

… alors il est temps d’ajuster votre posture !

Bonus : en savoir plus sur le métier de tourneur en poterie

Un tourneur en poterie est un artisan spécialisé dans la création d’objets à partir du tour. Il peut travailler pour des ateliers, produire en série ou faire de la pièce unique. C’est un métier de passion, de patience et de précision, souvent transmis par compagnonnage ou via des formations dans des écoles d’art et de céramique.

Et après le tournage ? Les étapes qui suivent

Le tournage n’est qu’une des nombreuses étapes dans le cycle de création d’une pièce en céramique. Une fois tournée, la pièce doit sécher lentement, idéalement à l’air libre, à l’abri des courants d’air et du soleil direct. Cette phase est cruciale pour éviter les fissures ou déformations.

Quand la terre atteint une consistance dite “cuir”, le potier procède au tournassage, puis laisse sécher entièrement la pièce avant de la passer en première cuisson, appelée biscuitage (à environ 980°C). Une fois biscuitée, la pièce est prête à être émaillée, décorée, puis cuite une seconde fois à plus haute température. ( ces températures concernent le travail du grès )

C’est seulement après cette deuxième cuisson que la pièce atteint sa résistance finale et peut être utilisée. Cette étape est tout aussi importante que le tournage lui-même, car elle scelle le travail dans sa forme définitive.

Le tournage en poterie : en conclusion

Le tournage poterie est une aventure sensorielle et technique, où la main apprend à dialoguer avec la matière. Choisir le bon équipement, comprendre la terre et prendre plaisir à créer : c’est tout ce qu’il faut pour débuter du bon pied !

Sources

📚 Ressources pédagogiques et professionnelles

  1. CNIFOP (Centre National d’Innovation pour la Formation dans les Métiers de la Poterie)
    • Cnifop
    • Formations reconnues en tournage potier, références sur les gestes et outils.
  2. Terres de Provence – Centre de formation

🌐 Sites spécialisés et blogs de potiers

  1. Ceramic Arts Network (en anglais)
    • ceramicartsnetwork.org
    • Articles techniques et vidéos de démonstration de gestes comme le centrage ou le tournassage.
  2. La Borne / Association Céramique Contemporaine
    • www.laborne.org
    • Référence pour la poterie contemporaine, explications sur les outils, les tours et les cuissons.
  3. Pottery Crafters Blog (en anglais)
    • www.potterycrafters.com
    • Guides très accessibles pour débutants : choix du tour, types d’argile, gestes clés.

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Sahra

Je suis passionnée par la céramique et le monde de la poterie. J’aime autant imaginer et créer des pièces uniques pour mes collections que transmettre mon savoir-faire à travers des ateliers. Inspirée par la nature, la slow life et l’univers cosy, je façonne chaque objet avec douceur et intention.

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