Par FTC Magazine – le média 100% poterie qui surprend
Briser ses chaînes avec de l’argile
Quand on pense « prison », on imagine rarement un atelier de poterie rempli de tournettes, de grès chamotté et de bols en cours de séchage. Et pourtant, dans certaines cellules, l’argile est en train de devenir un véritable outil de résilience. Pas besoin d’être Patrick Swayze dans Ghost pour comprendre : la céramique, entre les murs d’une prison, peut carrément changer une vie.
On vous raconte tout.
Reshape Ceramics : quand l’argile redonne forme à l’humain
Direction le Portugal, avec un projet aussi beau que ses réalisations : Reshape Ceramics, une initiative de l’ONG Reshape (créée en 2015 à Lisbonne), accompagne des détenus dans un parcours artistique autour de la céramique.
📍 Objectif : donner une deuxième chance à travers la création manuelle.
Encadrés par des artistes professionnels, les participants redécouvrent leur potentiel, leur concentration, leur patience. Oui, tout ça dans un bol. Car pétrir, tourner, émailler, c’est pas juste joli. C’est profondément thérapeutique, et même reconnu comme tel.
Résultat ? Des œuvres exposées hors les murs, une valorisation du travail artistique des détenus, et parfois même… des vocations.
➡️ Plus d’infos ici : reshape-ceramics
En France aussi, on modèle des trajectoires
Pas besoin d’aller jusqu’au Portugal pour découvrir ce type d’initiatives. En France, le centre de détention de Roanne (Loire) a ouvert les portes de la création aux détenus grâce à des stages de céramique animés par une céramiste professionnelle.
🧶 Au programme :
- Modelage de pièces uniques,
- Travail de la terre et émaillage,
- Apprentissage des gestes techniques,
- Mais aussi expression de soi et fierté retrouvée.
Ces stages ne sont pas juste “occupants”. Ils offrent un vrai cadre de concentration, de respect des consignes, de gestion du temps et des émotions. Oui, la poterie peut vous apprendre à gérer la frustration. (Quiconque a déjà vu sa pièce exploser dans le four comprendra.)
➡️ Source : Le Pays – Stages de céramique à Roanne
Pourquoi ça marche ?
Concentration, motricité fine, cadre apaisant : la céramique mobilise des zones du cerveau essentielles au bien-être. En prison, où le temps est souvent figé, modeler une pièce devient un acte de liberté intérieure. On choisit une forme, on prend une décision. Et parfois pour la première fois depuis longtemps, on la mène jusqu’au bout.
Dans le même genre, je vous invite à découvrir l’article dédié au côté ASMR de la poterie.
Et puis il y a ce petit miracle de la cuisson : on transforme une chose informe en un objet tangible, solide. Un vrai symbole de reconstruction.
Peut-on faire de l’art en prison ? Spoiler : oui (et c’est même encouragé)
Contrairement à ce que l’on pourrait penser, l’art en prison, c’est légal, cadré… et souvent salvateur. En France, c’est même un droit inscrit dans le Code pénitentiaire. Les établissements peuvent proposer des ateliers artistiques en lien avec des associations, des artistes intervenants ou des institutions culturelles.
🎭 Théâtre, 🖌️ peinture, 🎶 musique… et bien sûr, céramique.
Pourquoi ? Parce que ça marche. Les études (notamment celles de l’Observatoire international des prisons) montrent que la pratique artistique :
- améliore les comportements,
- renforce l’estime de soi,
- diminue les tensions en détention.
Et en bonus ? Elle peut même jouer un rôle dans la réduction de la récidive.
Loin d’être un “cadeau”, l’art en prison est un outil d’accompagnement vers la réinsertion. Et ça, c’est du concret.
Pourquoi la poterie fait du bien aux prisonniers (et aux autres aussi)
Pas besoin d’être incarcéré pour ressentir les bienfaits de l’argile. Mais en prison, où les repères sont chamboulés, la céramique agit comme une sorte de thérapie silencieuse. Voici pourquoi :
1. La terre reconnecte
Travailler avec ses mains reconnecte au réel, au corps, au moment présent. L’argile ne triche pas : elle est brute, exigeante, authentique. Dans un quotidien souvent déshumanisé, ça fait toute la différence.
2. C’est un espace d’expression
Pas besoin de mots : une forme, une texture, une couleur parlent pour soi. La poterie devient un langage intime, parfois libérateur.
3. Un processus lent… et valorisant
La poterie, c’est long. Il faut modeler, sécher, cuire, émailler, recuire… Un vrai parcours initiatique. Pour des personnes souvent coupées de la notion de projet ou de continuité, créer quelque chose de A à Z redonne du sens.
4. C’est un outil de discipline
La poterie impose rigueur, patience et concentration. En milieu carcéral, ces vertus sont précieuses.
5. Un objet = une preuve de soi
Quand on a peu de choses à soi, voir une pièce sortir du four et se dire : “C’est moi qui l’ai fait”, ça n’a pas de prix.
Fun fact pour briller à l’apéro
💡 L’argile ne ment jamais.
Trop sec ? Ça casse. Trop mouillé ? Ça s’effondre. Pas centré ? Ça part en sucette.
Moralité : la poterie, c’est un peu comme la vie. Et en prison, cette leçon-là, elle prend tout son sens.
Bonus : la poterie comme seconde chance
Accident, prison, burn-out… Et si la terre permettait de renaître ?
→ TheFootPottress, la potière qui modèle avec son pied.
→ Guimonneau, chirurgien devenu star du grès.
→ Clay Therapy : quand la poterie guérit les traumas
Le mot de la fin
Chez FTC Magazine, on le dit souvent : la poterie, c’est plus qu’un loisir. C’est un outil d’émancipation, d’expression, de soin. Et quand elle s’invite entre les barreaux, elle prouve qu’elle peut être un véritable moteur de réinsertion.
Alors oui, la prochaine fois que vous tournerez un bol, pensez à ces détenus devenus artistes. Et souvenez-vous : on peut toujours re-modeler une vie, un geste après l’autre.
FTC Magazine – On casse les codes, pas les bols.